lundi 28 mars 2016

De Thaïlande, un autre regard sur le France

Article paru dans La voix du grand large, premier numéro de la revue de la "Lettre de la Fédération des Français de l’Étranger du Front National". 25 mars 2016.



Éric Miné et le colonel Perapol Songnuy, Attaché de défense
et militaire près de l’Ambassade royale de Thaïlande à Paris
Sur TV5, dans Internationales, l’émission présentée par Philippe Dessaint en collaboration avec RFI, Jacques Attali se réjouissait il y a quelques mois que les Français de l’étranger, forts de leur ouverture au monde, pussent porter un regard différend sur la France.



Incontestablement, nos compatriotes expatriés peuvent mesurer la façon dont bien des sujets sont traités chez nous à l’aune de la pratique de leurs pays hôtes. Du temps où les amiraux portaient haut les couleurs de la France de par les mers, on disait des marins que « leur métier particulier s’exerçant sur tout le globe, il leur ouvrait l’esprit aux idées générales ». Il en va aujourd’hui des Français établis hors de France : l’observation de leur terre natale s’enrichit des enseignements qu’ils acquièrent des sociétés où ils vivent. Depuis la Thaïlande, on peut toutefois douter que leur regard rejoigne celui de M. Attali, promoteur tristement connu du mondialisme le plus exacerbé, destructeur des identités et des cultures.


Car que voient nos compatriotes au royaume de Thaïlande ?

Ils voient d’abord un pays où l’ordre règne, où l’on ne confond pas les malandrins avec les honnêtes citoyens. Ils voient un pays où la famille est respectée, où l’on ne remet pas en cause quotidiennement les valeurs et les règles patiemment élaborées au cours des siècles et qui sont autant de repères sur lesquels la population peut sereinement s’appuyer, sachant qu’elles ne changeront pas du jour au lendemain.
Ils constatent la grande solidarité de la population, qui s’entraide volontiers parce qu’elle est soudée dans une identité commune et qui n’attend pas tout de l’État pour sa vie quotidienne – mais est-ce le rôle d’un État que de s’y ingérer ? Le gouvernement thaïlandais assure pleinement ses fonctions régaliennes – dont celle de préserver l’unité du peuple et l’intérêt national – mais en contrepartie il ne s’insinue pas dans le quotidien de ses administrés. Tout le monde est y libre de travailler ou de monter son commerce sans être tous les jours harcelé par les taxes et les réglementations. En Thaïlande, il n’y a peut-être pas d’assistanat mais il n’y a pas de chômage non plus ; dans les cas extrêmes les religieux prennent en charge les indigents.
Nos compatriotes voient aussi un pays qui maîtrise ses frontières, qui fait respecter ses lois sur l’immigration, qui renvoie systématiquement tout individu en situation illégale, mais qui protège parallèlement ses immigrés qui viennent travailler légalement en pourchassant sans ménagement les entreprises qui voudraient les exploiter.
Ils voient un pays qui, fort de ses valeurs, est accueillant aux autres, dès le moment où ceux-ci en respectent les règles. 
Ils voient un royaume qui n’a pas peur de la modernité car il contrôle souverainement les effets de la mondialisation. Ils peuvent en effet écouter le Premier ministre, le général Prayut Chan-ocha, qui, fort de la devise de son gouvernement – stabilité, prospérité, pérennité –, s’adresse toutes les semaines en direct à ses concitoyens pour leur prodiguer conseils et protection. À la notable différence de nos propres dirigeants, il les incite à ne pas s’endetter et à ne pas surconsommer, privilégiant ainsi une croissance équilibrée à un développement désordonné, tout en invitant par exemple les paysans à respecter les programmes royaux qui, depuis de longues années, promeuvent une agriculture bio-diversifiée sans ajout de pesticides. On est loin, en Thaïlande, du battage médiatique hexagonal d’une « COP 21 » qui entend sauver la planète concomitamment à la globalisation exponentielle des échanges et des productions.

Éric Miné, Conseiller consulaire FN Thaïlande / Birmanie


Un autre monde

Nos compatriotes qui vivent en Thaïlande voient enfin des élèves – en uniformes – dans les écoles qui sont respectueux de leurs professeurs, qui tous les matins saluent le drapeau et chantent l’hymne national. Pour les Français dont les enfants suivent une scolarité thaïlandaise, ils peuvent lire dans les manuels à leur usage les douze valeurs de la « thaï-icité » :

1. Amour de la nation, de la religion et de la monarchie.
2. Honnêteté, sens du sacrifice, patience et bonnes intentions envers la collectivité.
3. Gratitude envers les parents, les dirigeants et les enseignants.
4. Persévérance dans l’apprentissage.
5. Préservation de notre belle culture thaïlandaise.
6. Moralité, loyauté, bonnes intentions et partage.
7. Correcte compréhension de la démocratie avec le roi comme chef d’État.
8. Discipline, respect pour la loi et la hiérarchie sociale.
9. Application, dans ses actes et ses pensées, des principes recommandés par le roi.
10. Application des principes de l’économie de suffisance telle que recommandée par le roi.
11. Force physique et mentale contre les bas instincts et la cupidité.
12. Attachement au bien national au détriment des intérêts particuliers.

Certes, ces principes, ce mode de gouvernement, ces comportements mêmes sont issus d’un peuple, d’une culture et d’une civilisation et ils ne sauraient être transposables tels quels dans notre pays. Mais à l’instar de bien d’autres nations dans le monde, la Thaïlande  nous rappelle opportunément les limites d’une vision occidentale mondialisée dont les règles censées être universelles nous sont régulièrement présentées comme le but ultime de toute société humaine.
Nos compatriotes, poussés pour beaucoup d’entre eux à l’expatriation par le constat amer d’une France engluée dans l’abandon de ses valeurs, pourraient bien, effectivement, porter désormais un regard dessillé sur leur sol natal. Mais, au vu de l’exemple thaïlandais, ce ne sera sûrement pas dans le sens espéré par les mondialistes.