« Nous en avons
assez de cette politique, nous ne voulons plus d’élections. Nous seuls sommes
légitimes pour choisir le prochain gouvernement et le soumettre à l’approbation
de notre roi. »
Ce propos d’un manifestant a été rapporté le mois dernier
par un journaliste de l’AFP. Le
tribun qui l’inspire, Suthep Thaugsuban, s’oppose en effet au principe
majoritaire « un homme, une voix » qui fonde le pouvoir thaïlandais
issu des urnes. Il entend lui substituer un « Conseil
du Peuple » non élu, d’esprit corporatiste, qui légitimerait sous une
monarchie renforcée une démocratie plus authentique, enfin débarrassée des
scories clientélistes censées saper le consensus national.
Pour nombre de nos compatriotes qui aiment la Thaïlande, ce
défi à une règle présentée comme universelle suscite l’inquiétude. Outre sa
nature idéologique iconoclaste, il scelle la division du pays en deux blocs sans
doute irréconciliables, laissant peu de champ à une solution pérenne.
Mais nonobstant la spécificité locale de cet affrontement, la
Thaïlande est-elle un cas si isolé qu’il y paraît ?
Car au regard des mouvements divers qui secouent aujourd’hui
la planète, l’intensification du conflit qui agite ces dernières années le
royaume prend une tout autre dimension.