Billet publié dans le n° de juin 2013 du magazine Gavroche
« Dès avant la pointe du jour, retentissent les sourds
battements du culte qui s’égrènent de par la vaste plaine. Le labeur n’attend
pas et c’est par familles entières que les “pays” partent ensemencer ou
récolter selon l’immuable rythme des saisons, menant d’un pas égal les cheptels
aux pâturages. Les écoles sont là à l’unisson, qui règlent les heures d’étude
sur les rudes contraintes de la nature, afin que leurs jeunes élèves puissent
participer à l’effort commun. Ils rendosseront plus tard l’uniforme qui les
signale à tous comme les heureux bénéficiaires d’une Instruction publique
formant dans le respect et la discipline les générations fécondes de demain.
Sagement alignés en rangs dans la cour de récréation, ils salueront la levée
des couleurs quand, huit heures venues, résonnera sur les ondes l’hymne
national, symbole de la patrie réunie. Des voies et venelles, la journée
bruissera du travail ininterrompu des citadins, qui boutiquiers, qui marchands
ambulants, qui innombrables petites mains concourant à l’harmonie de la
société, tous témoignant de la vitalité de ce petit peuple courageux qui n’en
oublie pas pour autant les joies saines de la vie. Au soleil couchant, les
habitants de ces belles provinces se rejoindront sous les toits parentaux et s’égaieront
dans les jardins coquets, tous métiers et générations confondus, pour célébrer
autour de mets simples généreusement partagés, dans la fête, les chants et la musique,
l’achèvement de la tâche journalière. Tout au cours de l’année, une large part
du repos mérité sera consacrée aux offices ; du plus pauvre au plus riche,
chacun contribuera par ses actes et ses dons au bien-être du clergé, qui
veillera en retour sur ses ouailles, les éclairant des chemins de la paix
intérieure, dans l’intemporalité de la mission à elles confiée sur la terre des
ancêtres. »