Publié le 16 septembre 2012 sur le site de la revue Synthèse Nationale.
À ce titre en effet, l’éminent
sociologue des foules et des peuples Gustave Le Bon serait aujourd’hui traîné
devant les tribunaux, ainsi d’ailleurs que la plupart des meilleurs écrivains
d’avant la seconde guerre mondiale. Ainsi vidée de toute substance, ce qu’on
nomme bien improprement de nos jours « Culture » dans les médias
destinés au grand public n’est plus en fait qu’un empilement de bric et de broc
promu par une caste de zélés thuriféraires de la bien-pensance. Dans cet
embrouillamini de productions laudatrices d’une planète indifférenciée – dans
le sens où tout se vaut –, il existe bien sûr de bons auteurs, d’excellents
réalisateurs, des artistes de génie. À la condition qu’ils n’évoquent pas
l’essentiel – pris ici dans sa valeur symbolique d’essence – pour notre civilisation. La ligne jaune franchie, oubliée
la notoriété, fini le gagne-pain ! Le procès sera le dernier recours pour les
faire taire.
Vivant en Asie, écrivant sur
cette région du monde et les liens anciens et complexes qui l’unissent à la
France – en particulier pour les pays qui formaient notre Indochine ainsi que la
Thaïlande voisine –, tentant ainsi d’illustrer au travers de mes propres
ouvrages – des romans contemporains ou historiques – et en tant que directeur
de collection cette fusion quasi charnelle qui s’opère en maints domaines entre
ces peuples et le nôtre et ce jusqu’à nos jours, je constate quotidiennement
combien il est difficile, voire périlleux, d’éclairer le lecteur sur ces sujets,
tant il est devenu politiquement incorrect d’évoquer les comportements des
humains selon leurs origines, leur race (mot tabou s’il en est !), ou tout
simplement leur religion, même si ces notions parfaitement audibles pour tout
un chacun induisent, dans le cas qui m’intéresse, des affinités. Mille détours
et circonvolutions sémantiques me sont alors imposés :
Louer le rapprochement des
peuples selon leurs compatibilités implique d’évidence qu’on entend qu’en la
matière des degrés existent. Mais là, au lieu de creuser ce sillon propice à la
bonne compréhension des évolutions dans nos sociétés, voire d’apporter sa
petite contribution au fameux « vivre-ensemble » si cher à nos élites
autoproclamées en en prévenant les conflits consécutifs (comprendre en quoi,
par exemple, le ressenti du « Français de souche » en matière
d’immigration peut se différencier selon qu’il s’agit d’Asiatiques ou
d’Afro-maghrébins), l’art de l’auteur ne constituera plus qu’à se dérober :
« Comment ? mais je n’ai jamais dit ça, vous m’avez mal lu, je ne
parle que du bien, pas du mal ». Foin de votre amour pour un continent et
des populations qui le composent, de votre désir d’expliquer pourquoi, nous,
Français, nous entendons si bien avec « eux » (et donc, il est vrai,
peut-être un peu moins bien avec « les autres »), ne restent que vos
préférences, vos « hiérarchies » ! Les fourches caudines de la
XVIIe chambre correctionnelle ne sont dès lors plus bien loin.
L’accusation de
« racisme » vous est brutalement lancée à la face par des
associations toutes calibrées pour cela, dont les gains et les subventions sont
le fruit de cette implacable chasse aux sorcières pour laquelle elles ont été
crées.
Richard Millet intitule un de ses
derniers essais – ceux-ci déchaînant d’ailleurs contre son auteur une haine
sans précédent – « De l’antiracisme comme terreur littéraire »*. Que
ce libellé est malheureusement pertinent. Qu’il reflète bien la difficulté
d’écrire à notre époque insidieusement totalitaire !
Renaud Camus |
C’est ce qui arrive aujourd’hui à
Renaud Camus. Déjà privé de ses éditeurs traditionnels pour ses prises de
position « non-conformes » lors de la dernière élection
présidentielle, le voilà en butte aux poursuites judiciaires, diligentées sur
plainte du MRAP, pour ses propos tenus lors d’une conférence, propos qu’il
reprend d’ailleurs dans son ouvrage, « Le grand remplacement »**.
Qu’a-t-il fait, dit, écrit
d’aussi ignoble pour mériter une telle vindicte ? Rien que de constater ce
que tout individu normalement constitué est à même de voir, indépendamment de
ce qu’il en pense ou de son analyse des causes, qu’un territoire donné – la
France en l’occurrence – subit un « grand remplacement » des
populations qui l’habitent. C’est cela qu’on reproche à Renaud Camus :
d’avoir su voir, rapporter, et tenter d’expliquer. En ce sens, et nonobstant
tout jugement sur la qualité de son œuvre, il n’a fait là que son métier
d’écrivain. Il est le témoin de son temps. Si le temps dérange, qu’on mette
alors le temps en examen !
Si Renaud Camus venait à être
condamné dans cette affaire, outre les dommages causés à sa personne et à ses
intérêts, ce serait l’arrêt de mort de toute littérature en France. De tout
rôle social de l’écrivain aussi.
Pour cette raison, j’ai signé –
aux côtés de bien d’autres – la pétition qui le soutient. J’invite toutes les
personnes lucides et de bonne volonté, quelles que soient leurs opinions, leur
religion ou leur couleur de peau, à en faire autant.
* Éditions Pierre-Guillaume de
Roux, Paris, 2012.
** Éditions David Reinharc,
Paris, 2011.