dimanche 18 août 2013

Jacques Vergès et le métissage.


Rendons hommage à l’acuité de cette personnalité hors du commun qui nous a quittés.
 
« … je suis très respectueux des cultures et des nations. Je considère que la culture est quelque chose de très profond, les nations également. Je pense que les frontières ne sont pas seulement des frontières matérielles. Ce sont des frontières spirituelles et des frontières historiques, avec tout ce que l’histoire a de poids. Je pense que l’humanité est riche de toutes ces différences-là. Respectueux de ces différences, je considère aussi qu’il peut y avoir des influences réciproques, mais que ces influences ne sont jamais l’objet d'une décision bureaucratique, ni d’un défilé d’État organisé par Jean-Paul Goude. Ces influences se font à travers l’histoire, à travers les événements et il n’y a pas de greffes tout à fait gratuites. On ne peut pas mélanger les cultures comme on mélange des liquides. C’est un signe d’irrespect envers ces cultures. Elles peuvent s’influencer mais par leur propre mouvement, par le lent mouvement de l’histoire, non par les décisions d’une bande de Pieds-Nickelés comme ceux qui gouvernent la France aujourd’hui. Je suis un métis, cela m’a posé des problèmes, mais je sais aussi que toute société humaine est endogamique. Toute société tend à se défendre, à éviter le mélange. Je suis très heureux que mon père et ma mère aient passés outre cette attitude. Donc je ne suis pas contre le métissage. Je suis contre le métissage sur ordre. Je n'aime pas être commandé. »
 
On ne saurait mieux dire.
 
Le salaud lumineux. Michel Lafon. Paris, 1996.
 
Merci à Au milieu des ruines pour l’avoir rappelé.