Discours de Renaud Camus. 13 avril 2013. Dourdan.
Un discours historique de Renaud Camus.
Honneur, lucidité et courage.
Texte intégral :
Mesdames, Messieurs,
si j’ai bien compris les motifs de votre réunion ces
jours-ci, et, accessoirement, de l’invitation que nos amis Paul-Marie Coûteaux
et Karim Ouchikh ont bien voulu m’adresser, il s’agit de décider de ce qui doit
servir de ciment à une union des droites selon les uns, union des patriotes
selon les autres – et je suis de ceux qui considèrent que la situation est
d’une telle urgence et d’une telle gravité que ce point (les droites, les
patriotes, les Français attachés à la France…) n’a pas une grande importance :
disons de l’union de tous ceux qui veulent s’unir.
Mais s’unir pour quoi ? S’unir autour de quoi ?
Pour être tout à fait franc avec vous je vous dirai que je
ne comprends même pas qu’on puisse se poser la question.
Je vois bien pourtant qu’on se la pose, et je vois bien même
que la réponse que quelques autres et moi, et, je le crois, notre peuple en ses
profondeurs, lui apportons, n’est pas unanimement celle que vous lui apportez.
Nous sommes ici les hôtes du Siel et le premier et le
dernier mot du Siel et de son charismatique fondateur c’est la souveraineté.
Souveraineté, très bien, nous sommes tous partisans de la
souveraineté : nous pensons tous autant que nous sommes que notre pays est
pris dans un lacis de traités internationaux et de conventions supranationales,
de lois, de règlements, qui l’enserrent et l’étouffent comme font les serpents
Laocon, le rendent impuissant et passif et le contraignent à subir hébété ce
qui lui arrive. Trancher d’un coup de sabre ce nœud gordien, retrouver la
souveraineté parce qu’elle est la condition de toute action, certes – mais pour
quelle action ?
Nous sommes dans l’histoire, nous n’y avons jamais été si
fort ni si profond. Nous sommes plongés en elle, emportés par elle. Nous n’avons
sur elle aucune maîtrise – faute de souveraineté, certes, mais d’abord faute de
volonté et avant cela, plus gravement encore à mon sens, faute de vérité. Nous
ne voyons pas ce qui arrive.
Nous ne voyons pas ce qui arrive et qui est pourtant énorme,
colossal, évident comme la lettre volée ou le nez au milieu du visage.
Nous voyons tous la crise, nous voyons le chômage, nous
voyons la pauvreté qui croît, le pays qui s’abîme, se détériore et s’enlaidit à
vue d’œil, la prolétarisation qui se répand, pas seulement économique,
d’ailleurs, mais aussi culturelle, morale et spirituelle. J’entendais à la
télévision, cette semaine, un homme, un passant pris au hasard, dans la rue, et
qui disait, comme énonçant une évidence unanime et sans craindre un instant qu’on
puisse le contredire : « Le plus important, c’est tout de même
l’économie ». Eh bien non, eh bien si, moi j’ose le contredire. Tant que
la France a été la France elle ne s’est soucié que secondairement de son
économie – et comme d’un moyen, non pas comme d’un fin.
Certes le bien-être des citoyens est capital, mais il n’est
pas exclusivement économique. Ce sont les peuples et les nations sortis de
l’histoire, tombés d’elle, abrutis, hébétés, en jachère, qui ne se soucient
plus que d’économie.
Quelle tristesse et quelle honte de voir des présidents de
la République ne voyager plus à l’étranger qu’en tant que représentants de
commerce et signer à l’Élysée, avec des firmes, d’égal à égal, des conventions,
comme s’il s’agissait de traités entre nations souveraines ! Je soupçonne
qui pis est que l’économie n’aime pas trop faire l’objet de ces attentions
exclusives et qu’elle prospère davantage au sein de politiques aux vues plus
hautes, qui ne la négligent certes pas mais dédaignent de se réduire à elle et la
traitent comme le moyen qu’elle est, l’un des moyens et des leviers, mais
certes pas le seul, de la liberté et de la grandeur.
Ce n’est pas du côté de l’économie, de la monnaie et de la
lutte contre le chômage que les patriotes trouveront ce qui doit impérativement
les unir ; ce n’est même pas de ce côté-là qu’ils trouveront de quoi
guérir l’économie, assainir la finance ou lutter contre le chômage, toutes
tâches herculéennes qui ne peuvent s’inscrire que dans une politique globale,
holistique, historique, consciente de l’histoire, veux-je dire, des épreuves et
des impératifs qu’elle impose. Ce n’est pas en luttant contre l’Europe car
l’Europe est notre civilisation, l’Europe est notre culture, l’Europe est l’une
de nos appartenances majeures aux côtés de notre patrie.
Ce n’est pas en luttant contre l’Amérique, contre les
États-Unis pour être plus précis, car les États-Unis sont nos plus vieux
alliés, nous leur devons la plus grande part de notre libération du joug nazi
et si leur influence culturelle est néfaste sur bien des points, ce que je ne
nie en aucun façon, nous ne devons nous en prendre qu’à nous-mêmes, à notre
oubli de ce que nous sommes, à notre enseignement de l’oubli, à l’effondrement
consenti sinon programmé de notre système d'éducation, à notre industrie de
l’hébétude, à la destruction fatale de nos élites culturelles, remplacées par
celles de l’élection, de la finance, de l'argent facile, de la médiacratie, du
show-business et du sport, qui toutes n’ont d’élites que le nom.
En temps normal, s’il y a jamais en histoire des temps
normaux, je ne nierai pas l’impérieuse nécessité de lutter contre
l’américanisation de la société et même du pouvoir : je sais que c’est un
thème éminemment cher à notre hôte ; mais franchement, dans l’urgence dramatique
où nous sommes, je ne pense pas que ce soit le premier et le plus grave de nos
soucis. Le plus grave de nos soucis, puisque nous y voici, c’est le changement
de peuple. Le peuple qui a fait ce pays, le peuple qui a écrit la plus grande
part de son histoire, commence à s’en effacer, à telle enseigne qu’en de
certaines parties du territoire, déjà, il est à peine visible et il n’a pas
droit de cité.
On voit déjà qu’aux États-Unis la politique des deux grands
partis, et notamment sur l’immigration, dépend entièrement des immigrés
eux-mêmes, qui se sont rendus indispensables à toute majorité, à toute
espérance de gouverner et de rester au pouvoir. Nous avons vu en France Terra
Nova théoriser, en somme, la fameuse boutade de Brecht – « ne serait-il
pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d’en élire un
autre ? » – et conseiller aux socialistes, pour s’assurer une
majorité éternelle, de s’appuyer sur des minorités de moins en moins
minoritaires ? Je sais bien, on nous dit, et même on nous force à croire :
un peuple c’est une volonté, une volonté de vivre ensemble.
Je dis moi que c’est une illusion, et même une double
illusion, une illusion d’illusion ; et même que c’est à cause de cette
double illusion, de son efficacité, que tant d’entre nous, surtout parmi les
politiques, parmi la caste médiatique, parmi les élites, au sens un peu
ridicule qu’a pris ce mot parmi nous, à cause de cette double illusion que tant
d’entre nous ne voient pas, ne veulent pas voir ce qui nous arrive, et qui
pourtant crève les yeux, à savoir le changement de peuple et de civilisation.
Un peuple ne peut être seulement une volonté en acte, l’effet de quelque
décision volontariste, la conséquence de quelques coups de tampon.
Des individus, oui, peuvent rejoindre un peuple, s’intégrer
à lui, s'assimiler à lui, et en France il y en a toujours eu qui l’ont fait,
par amour de sa langue, de sa culture, de sa civilisation, de ses paysages, de
son histoire, de son art de vivre, et par amour tout court.
Mais des peuples, des civilisations, des religions, et
surtout quand ces religions sont elles-mêmes des civilisations, des types de
société, presque des États, ne peuvent pas et ne peuvent même pas vouloir, à
moins de s’abdiquer elles-mêmes, se fondre dans d’autres peuples, d’autres
civilisations, d’autres types de relations à la vie de l’esprit ; et
d’autant moins bien sûr que ces autres peuples, ces autres civilisations, ces
nations d’accueil et leurs habitants, feraient l’objet d’une détestation, d’une
vindicte savamment entretenue, y compris et peut-être essentiellement par
eux-mêmes. Croire que les peuples puissent n’être que volonté, décision
arbitraire, nomination, coup de tampon, c’est la première illusion, la première
couche d’illusion.
Elle procède au demeurant d’une conception bien piètre et
bien humiliante de l’homme, dépouillé de tous les attributs qui font sa
grandeur et sa spécificité, son caractère unique, irremplaçable, et qui lui
vient de son histoire, de sa culture, de ses appartenances. Cet homme dépouillé,
abstrait, déraciné, désaffilié, c’est ce que j’ai nommé ailleurs l’homme
remplaçable, autant dire jetable, et c’est de lui, de ce simple pion
échangeable à merci, hébété par l’enseignement de l’oubli et par l’industrie de
l’hébétude, que l’affairisme mondialisé a besoin pour servir ses intérêts.
Mais j’ai parlé de double illusion dans la conception selon
laquelle les peuples pourraient n’être que volonté en acte, volonté de vivre
ensemble.
D’abord ils ne le peuvent pas, ils ne peuvent pas n’être que
cela.
Deuxièmement, quand bien même ils le pourraient, ils ne le
voudraient pas. Ils ne le veulent pas. Il faut le constater bien nettement,
cette volonté n’existe pas.
On nous a reproché, à nous, les in-nocents, de parler de
conquête, pour ce dont la France et l’Europe font l’objet depuis trente ou
quarante ans ; de contre-colonisation ou de colonisation tout court, au
demeurant bien peu colonisatrice si la colonisation c’est la mise en valeur
ordonnancée d’un pays ; de guerre larvée, de moins en moins larvée, de
plus en plus visible, pour la maîtrise du territoire. Je suis poursuivi devant
la XVIIe Chambre pour avoir, dans un discours assez semblable à
celui-ci, parlé justement de conquête, pour l’immigration de masse et le
changement de peuple, de contre-colonisation et de colonisation tout court ;
et pour avoir désigné la nocence – la nuisance, le fait de nuire, qui va des
petites incivilités de la vie quotidienne jusqu’au crime organisé et à
l’ultra-violence inédite dont il se pare – de la nocence, donc, comme étant,
avec la démographie, l’un des instruments de cette conquête, son bras armé.
On a contesté mes termes, on les a jugés exagérés – même
s’il va sans dire, j'espère, que je n’incrimine en rien l’ensemble des immigrés
ni ne les accuse, en masse ni individuellement, tous pris un par un, de
nocence. Colonisation, contre-colonisation, conquête, soumission du territoire
lambeaux par lambeaux, ce serait, paraît-il, trop dire.
Or j’ai un ami, un homme jeune, Français d’origine
marocaine, très profondément attaché à la France, à la culture et à la langue
française, et très reconnaissant à notre patrie commune de tout ce quelle a, me
dit-il, fait pour lui. Ce garçon est professeur dans une zone d’éducation
prioritaire de la région parisienne. Tous ses élèves presque sans exception
sont originaires, comme sa propre famille, de l’autre rive de la Méditerranée.
Or il m’assure que tous les termes que j’aie pu employer sont non seulement
exacts et pertinents mais très inférieurs à la réalité des propos et des façons
de voir des adolescents qui emplissent ses classes. Ils rient quand il leur dit
qu’il est français comme eux, et ils ne peuvent pas croire un seul instant
qu’il soit sérieux. Ils pensent qu’il cherche à les éprouver par l’énormité de
ses propos.
Quand il est allé jusqu’à leur dire qu’il était non
seulement français mais patriote français, très attaché à sa patrie française,
ils ont estimé qu’il allait vraiment trop loin, que ce n’était plus drôle,
qu’il ne devait pas parler comme cela, que ce n’était pas bien. Je vous parle
d’un garçon dont j’ai beaucoup admiré le courage, il y a quelques années, parce
qu’il est homosexuel et qu’il l’a publiquement assumé, dans un contexte
familial, dans un milieu et dans des quartiers où il fallait une très grande
bravoure, et ne pas craindre de gâcher sa vie, pour oser pareille déclaration.
Eh bien, ce garçon courageux, il ne peut pas, dans sa famille, parmi ses amis
d’enfance et de toujours, parmi ses frères de sang, de race et de religion, il
ne peut pas dire qu’il est français, et fier de l’être. Il est assez brave, et
il fallait l’être dans son cas, pour se déclarer homosexuel ; mais pas
assez brave tout de même pour s’avouer français de cœur, patriote français. Ce
serait un suicide, dit-il. On ne me comprendrait pas du tout, on penserait que
je suis fou.
Voilà la réalité du l’ « intégration », de la
défunte « assimilation », du multiculturalisme, du prétendu « vivre-ensemble »,
dont tout le monde veut sur le papier et personne sur le terrain ; que
tout le monde vante à l’arrière mais que chacun subit comme une horreur sur le
front. L’antiracisme, depuis qu’il est sorti de son lit pour devenir – de
morale pleinement légitime qu’il était – non seulement un dogme mais un système
de pouvoir et un type obligatoire de société, a engendré la formidable illusion
dans laquelle nous sommes plongés, ce règne du faux, ce que j’ai appelé le
fauxel, double inversé du réel et le recouvrant entièrement.
Ainsi on nous parle tous les jours du problème du logement.
Mais, à la vérité, il n’y aucun problème du logement, même s’il est bien vrai,
hélas, que des centaines de milliers et même des millions de nos compatriotes
et non-compatriotes sont à la rue ou affreusement mal logés, et que tout le
monde doit se serrer et se serrer toujours davantage, et pas seulement la
ceinture. Ce qu’il y a c’est un problème d’immigration de masse et quand on dit
qu’il faut bâtir et bâtir et bâtir encore on se garde bien de préciser que
c’est pour loger les rangs serrés de continuels nouveaux arrivants et leur
abondante progéniture et, accessoirement, c’est vrai, les malheureux
représentants de l’ancien peuple que cette pression incessante prive d’un toit,
et d’autant plus que le moins qu'on puisse dire est qu’ils ne bénéficient,
ceux-là, d’aucune priorité.
On nous parle tous les jours du problème des prisons, et de
la surpopulation carcérale, et de l’état déplorable de nos centrales et maisons
d’arrêt. Mais, à la vérité, il n’y a aucun problème des prisons, même si
surpopulation et état déplorable des lieux sont hélas pleinement avérés.
Ce qu’il y a c’est un problème d’immigration de masse, et
quand on dit que les prisons débordent il faudrait préciser que le changement
de peuple est encore plus avancé, entre leurs murs, que le long de nos rues :
c’est de sensibles des quartiers sensibles qu’elles sont pleines et qu’elles
débordent.
On nous parle tous les jours du problème de l’insécurité, du
racket, des ridiculement nommées incivilités, de la nouvelle hyper-violence, de
la délinquance petite et grande, de ce que nous les in-nocents nous appelons la
nocence pour regrouper sous un seul vocable cet empêchement de vivre en paix et
parfois de vivre tout court Mais à la vérité il n’y a aucun problème
d’insécurité et de violence, même si la violence, la brutalité et l’agressivité
sont partout et si la vie devient un cauchemar pour un nombre sans cesse
croissant de nos compatriotes. Ce qu’il y a c’est un problème d’immigration de
masse, de changement de peuple et de changement de civilisation, de coexistence
tendue entre l’ancienne et la nouvelle, de lutte pour le territoire, et de
conquête.
Bien loin de moi au demeurant de vouloir insinuer qu’en
cette sourde guerre l’ancien peuple est toute innocence et le nouveau toute
nocence. Il est d’ailleurs bien facile de savoir comment se répartissent les
responsabilités, il suffit de comprendre les messages cryptés du complexe
médiatico-politique, et les Français, sous le règne du fauxel, sont tous
devenus, par force, d’excellents traducteurs, décrypteurs, herméneutes de cette
langue menteuse qu’on leur impose, cette langue qui est faite pour ne pas dire,
pour ne pas voir et pour ne pas montrer. Ils savent ce que signifie des jeunes,
des quartiers populaires, des zones sensibles, des règlements de compte entre bandes
rivales, des recours aux autorités religieuses pour tâcher de ramener le calme…
Ils savent que lorsqu’on donne les noms, les prénoms et les noms, c’est
l’ancien peuple qui est à incriminer, et cela on le peut toujours, rien ne
l’interdit, bien au contraire ; et que c’est le nouveau quand on ne les
donne pas parce que le nouveau, qui a l’avenir entre les mains et l’innocence
infuse, lui, ne doit jamais être fustigé et, comment dit-on ?, stigmatisé.
C’est assez facile à comprendre et à pratiquer, au fond, le fauxel. Nous devenons
tous de fins linguistes.
Je pense néanmoins, pour ma part, que la première tâche des
patriotes, ce qui doit être le ciment de leur union, c’est de rétablir la
langue et de nommer ce qui arrive, à savoir le changement de peuple et de
civilisation, la lutte pour le territoire, la conquête déjà bien entamée, par
le moyen de la nocence et de la démographie.
La deuxième, c’est de s’opposer de toutes ses forces à ce
phénomène, le Grand Remplacement, le plus traumatisant qu’ait connu notre pays
depuis le début de son histoire. Il faut mettre un terme immédiat et total à
l’immigration et amorcer vigoureusement le renversement des flux migratoires.
Il faut enlever aux étrangers non communautaires, sauf exceptions individuelles
pour services exceptionnels rendus à notre patrie, toute espérance d’accéder à
la citoyenneté. Il faut accroître toujours davantage la différence de droits et
de statut entre citoyens et non-citoyens.
Il faut enlever à l’immigration sa raison d’être pour les
immigrés potentiels en la dépouillant de tous les avantages et de tous les
attraits qu’elle présente pour eux. Il faut réviser de fond en comble la
politique d’allocations familiales, qui est un des nombreux mécanismes par
lesquels la France paie, selon un modèle sans précédent dans l’histoire, sa
propre colonisation et le remplacement accéléré de son peuple traditionnel. Il
faut supprimer le funeste droit du sol, qui, contrairement à ce qu’on nous
raconte – mais on nous abreuve de mensonges –, ne l’emporte en rien sur son
contraire par son degré d’inscription dans la tradition nationale. Il faut
rétablir la mal nommée « double peine », désastreusement abolie au
début de ce siècle. Il faut prendre au mot tous ceux qui par leurs actes ou par
leurs paroles renient la nationalité française, se déclarent publiquement plus
ceci ou cela que français, prennent les armes contre la patrie, défilent dans
nos rues sous des drapeaux étrangers, refusent de combattre ses ennemis,
appellent avec mépris leurs présumés compatriotes les Français comme si
eux-mêmes n’en étaient pas, des Français, quand ce n’est pas les souchiens ou
autres termes plus insultants encore. Il faut les exaucer, ceux-là, et leur
enlever une nationalité qui ne leur est rien, ou, qui ne leur est, de leur propre
aveu public, qu’une commodité sans substance. Il faut s’inspirer de certaines
politiques qui furent un moment suivies au Québec et qui consistaient à définir
strictement ce qui relève des traditions de notre pays, de sa culture et de sa
civilisation et à ne pas tolérer que cet ensemble spécifique à l’histoire d’un
peuple soit supplanté et remplacé, ou seulement réduit à l’égalité, sur le
territoire national, avec ce qui lui est totalement étranger. Il faut refuser
de changer de calendrier, il faut refuser de changer de langue, il faut refuser
de changer de costume, de visage, d’horaires, de nourriture, d’interdits,
d’histoire, de passé, d’avenir, d’être, d’identité.
« Le changement c’est maintenant » disait l’actuel
président lors de sa campagne. Et l’une de ses rivales au sein de son propre
parti préfaçait un livre intitulé Pour un changement de civilisation. Nous
devons être le parti de ceux qui refusent de changer de civilisation. De même
qu’il n’y a pas d’égalité ente la culture et l’inculture, contrairement à ce
que voudraient imposer sans le dire, et quelquefois en le disant, à présent,
les champions de l’égalité à tout prix et partout – lesquels ont détruit
l'éducation nationale… –, de même, il n’y a pas d’égalité et il ne doit pas y
en avoir, sur le sol français, entre ce qui est français depuis toujours, ce
qui a fait la France, ce qui l’a rendue aimable, aimée et prestigieuse, et ce
qui appartient à d’autres cultures, d’autres civilisations, d’autres traditions
et dispose, pour s’épanouir et faire ses preuves, d’autres espaces. Par quoi je
ne veux pas dire que ces autres cultures sont des incultures, pas le moins du
monde : elles ont leurs propres vertus et leurs propres prestiges ;
mais qui ne sauraient, sur le sol de notre patrie, se substituer à la nôtre, ni
même y réclamer l’égalité. Il y a d’ailleurs une étroite similitude entre
l’échec maintenant avéré de la démocratisation culturelle et celui de
l’intégration.
L’erreur fatale a consisté à faire en sorte qu’il n’y ait,
pour les nouveaux venus, et sous prétexte de considération à leur égard, et
même d’égalité, rien à rejoindre : les nouveaux venus à la culture ne
trouvaient plus de classe cultivée à laquelle s’intégrer ; et les nouveaux
venus à la nation ne trouvaient plus de peuple auquel s’assimiler. Dans les
deux cas, par discrétion, par délicatesse, par peur, par sentiment de
culpabilité, par souci mal placé d’égalité, on ne leur offrait à découvrir que
le vide, le néant, l’absence de toute affirmation de soi, la terre brûlée,
ville ouverte.
Ce qui doit unir de toute urgence les patriotes c’est la
volonté de combler ce vide, c’est le refus de reculer davantage, c’est un non
ferme et définitif au changement de peuple et au changement de civilisation
qu’il implique nécessairement, c’est l’esprit de reconquête. Ce qui doit unir
de toute urgence les patriotes c’est le peuple et c’est la patrie, et c’est le
danger de submersion définitive auxquels ils sont tous les deux exposés.