vendredi 5 avril 2013

À la barre de l’Indochine : réédition

À la barre de l’Indochine.

 

Amiral Decoux.

Présentation d'Éric Miné, préface de Jacques Decoux.



Alors que l’Amiral Jean Decoux était la cible d’un procès « d’épuration » – qui se conclurait par un non-lieu –, le Roi du Cambodge, Norodom Sihanouk, lui écrivit le 20 juin 1946 : « … je dirai avec quelle abnégation vous avez, en Indochine, servi les intérêts supérieurs de la France et avec quelle noblesse de cœur vous avez assuré, pendant quatre ans, la protection des peuples indochinois contre l’ennemi. Je suis certain que justice vous sera rendue et que la France vous considérera comme un des meilleurs parmi ses fils ».



Ainsi va l’Histoire. Selon ses aléas, le héros devient bien vite le « traître » aux yeux d’une opinion désinformée par des intérêts qui la dépassent ou, à tout le moins, est-il « effacé » d’une mémoire qui dérange. L’Amiral Decoux, malheureusement, n’a pas échappé à cette règle.

À la barre de l’Indochine – le récit de son gouvernorat – était introuvable depuis de nombreuses années. Et pourtant… quel témoignage exceptionnel !

D’une écriture élégante et avec un soin extrême des détails, l’Amiral nous explique comment il tint le « navire Indochine » hors de l’eau au milieu de la tempête de la Seconde Guerre mondiale. Il nous décrit l’enchaînement des événements et les défis qui s’amoncellent, auxquels il doit faire face avec pour unique objectif l’accomplissement de sa mission : maintenir l’Indochine dans le giron français.

Mais la portée de son action va bien au-delà. L’énergie de Jean Decoux était aussi tendue pour construire les fondations profondes d’un avenir commun librement décidé entre la France, les royaumes du Laos et du Cambodge, et le « Vietnam ». L’Amiral Decoux fut ainsi le premier haut responsable français à employer le mot Vietnam pour ce qu’on nommait encore le Tonkin, l’Annam et la Cochinchine.

Le coup de force nippon du 9 mars 1945 et ses funestes conséquences fracasseront l’espoir de l’Amiral d’une indépendance pacifique de ces pays en association avec la France. Toujours est-il qu’À la barre de l’Indochine pose clairement les bases de ce que pourraient encore être demain ces rapports fraternels et privilégiés avec des peuples qui nous sont si proches à tant d’égards. Si nous voulions bien un jour assumer aussi les bienfaits de notre histoire coloniale…

En ce sens, À la barre de l’Indochine n’est pas seulement un extraordinaire document historique. Il est aussi un livre terriblement actuel.